Il ne semble donc pas y avoir de bulle sur l'immobilier. Ce qui ne signifie pas que cette envolée des prix ne pose pas de problèmes au niveau microéconomique.
DÉCRYPTAGE - La hausse du prix -déjà élevé- de l'immobilier hexagonal repose sur des arguments concrets qui stabilisent son cours.
En France, aussi, les prix de l'immobilier s'emballent. Nettement. Selon les statistiques de l'Insee, les prix de l'immobilier en France ont progressé de 7,4 % entre le troisième trimestre 2021 et la même période de l'année précédente. Et la hausse tend à s'accélérer. De quoi se poser des questions sur la création d'une bulle immobilière, qui ne demanderait évidemment qu'à éclater.
Ce n'est pas l'analyse des économistes de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques).
La hausse des prix se justifie en effet par la bonne santé des acquéreurs potentiels. « En France, pendant la pandémie, le soutien public au pouvoir d'achat des ménages a également poussé à la hausse le taux d'épargne », explique Boris Cournède, coauteur d'un rapport de l'OCDE sur les politiques du logement dans les 38 États membres de l'organisation.
De plus, la politique monétaire très accommodante des banques centrales et les conditions financières favorables rendent l'accès au crédit facile, ce qui contribue également à la hausse des prix. « Tous les pays de l'OCDE ont connu de très fortes hausses des prix immobiliers, relativise d'ailleurs Boris Cournède. En Australie, ils s'envolent de 21,7 %. Au Japon, pays généralement très calme à ce niveau, ils progressent de 8,2 % ».
La hausse des prix est également alimentée par le déséquilibre entre l'offre et la demande. « La France fait partie des pays où l'offre est contrainte, souligne encore Boris Cournède. Elle a du mal à satisfaire la demande quand cette dernière s'envole, comme c'est le cas actuellement ». Cette difficulté à construire est connue.
Les professionnels de l'immobilier ne cessent de s'en plaindre. Les confinements, les élections municipales à rallonge et la volonté de certains maires de ne pas densifier ou artificialiser les sols rendent la situation actuelle encore plus complexe. Bref, obtenir un permis de construire relève du parcours du combattant. Ajuster l'offre à la demande n'est donc pas chose aisée en France.
L'impact du télétravail
Il ne semble donc pas y avoir de bulle sur l'immobilier. Ce qui ne signifie pas que cette envolée des prix ne pose pas de problèmes au niveau microéconomique. Certains ménages ne sont plus solvables lorsque les prix des biens immobiliers progressent trop. Et le fossé qui permet de passer du statut de locataire à celui de propriétaire devient de plus en plus difficile à franchir.
La pandémie n'a toutefois pas que des effets négatifs, notamment en raison des changements dans l'organisation du travail qu'elle provoque. « Le développement généralisé du télétravail va sans aucun doute avoir un impact immobilier, détaille Antoine Goujard, qui dirige le bureau de l'OCDE en charge de l'économie française. La possibilité de pouvoir travailler plus souvent chez soi devrait pousser un certain nombre de ménages à s'éloigner des métropoles les plus denses. »
Les données montrant cette évolution ne sont pas encore disponibles en France, mais elle est déjà nettement visible au Canada. Il s'agit, clairement, d'une bonne nouvelle sur le plan immobilier, tant au niveau macro que microéconomique. « Cette évolution va avoir comme conséquence de faire peser une moindre pression sur les prix dans les zones les plus tendues, et une hausse dans des villes moyennes, explique Antoine Goujard. Ce qui est sain, puisque, dans ces villes moyennes, les prix ne sont pas excessifs . » De plus, l'offre y est moins contrainte : il est plus facile de construire de l'immobilier neuf. De quoi donner une bouffée d'oxygène bienvenue au marché.
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